Très peu de temps après votre arrivée, puis tout au long de votre séjour, vous risquez de devoir trouver un centre commercial pour y acheter un peu tout ce dont vous aurez besoin au quotidien. Les grandes surfaces sont très répandues et s'approchent de près de celles que nous avons en France, de type Carrefour. Il existe cependant plusieurs différences, parfois avantageuses, parfois surprenantes...
Tout au service du consommateur
Dès le soir de mon arrivée en Floride, il m'a fallu trouver un minimum d'affaires: un oreiller et une couverture (le campus n'en mettant pas à disposition), et de quoi manger les premiers jours. Un étudiant américain m'a alors proposé de m'y accompagner, à près de 23h... Un peu surpris, je lui ai demandé s'il n'était pas trop tard. D'abord étonné par ma question, il m'a ensuite répondu en riant que le magasin était ouvert 24h/24, 7j/7, toute l'année...
Il s'agissait d'un Walmart, qui est aux Etats-Unis et dans le monde entier le géant leader de la grande distribution. C'est donc le cas extrême. Sachez néanmoins que pour les autres enseignes, comme Target par exemple, la très grande majorité des magasins ont des horaires d'ouverture élargis (souvent 9h-22h30) du lundi au samedi et ouvrent tous les dimanches pendant l'après-midi, souvent de 12h à 18h-20h.
Hormis dans les zones plus rurales, vous ne trouverez quasiment que des hypermarchés: le standard américain est bien plus grand que celui en Europe, et rares sont les moyennes surfaces. Vous y trouverez donc de tout. De l'alimentaire bien sûr, mais aussi des vêtements, de la téléphonie, des articles de sport, de la pharmacie (tous les médicaments ne nécessitant pas de prescription sont vendus en rayon comme n'importe quel autre produit).
Concernant les prix, j'ai lu et entendu de très nombreux avis, tous différents les uns des autres. Je ne me prononcerai donc pas encore sur le coût de la vie ici. Ce qui est sur, c'est que les fruits, les légumes et les laitages sont plus chers qu'en France, par rapport aux plats tout faits ou aux préparations industrielles très américaines qui le sont moins. Donc tout dépend de vos goûts et des produits, qui influeront largement sur votre note finale (manger sain vous coûtera clairement plus cher).
Concernant les services offerts par le magasin, le client est roi. Ne soyez pas étonné en arrivant à la caisse, c'est bien l'employé(e) de caisse qui mettra vos courses dans les sacs! Vous n'avez plus qu'à mettre les sacs dans votre caddie. Ne soyez pas surpris non plus si le caissier est sympa et souriant: il vous demandera comment vous allez, d'où vous venez et vous conseillera sans doute un ou deux endroits à visiter! Et c'est (quasiment) tout le temps comme ça! D'après mon colocataire américain, il s'agit plus d'une démarche commerciale, pour que vous reveniez dans le magasin. Mais je n'en suis pas sûr. Et puis ça n'en reste pas moins agréable.
Dernière chose à savoir, sur le parking. Vous verrez de nombreux caddies abandonnés un peu partout. Les américains ont en effet l'habitude de le vider, puis de le laisser sur une place, au pied d'un arbre ou tout simplement en plein milieu du parking. N'en soyez pas offusqué: c'est tout à fait normal. Pour ne pas que les honorables clients du magasin ne perdent de temps et ne se fatiguent, c'est un employé qui est chargé de ranger les caddies, toute la journée (et toute la nuit). Un peu déroutant au début...
Le cas Walmart
Cette enseigne de grandes surfaces n'est pas implantée en France pour de nombreuses raisons économiques (et sociales) et ne nous est donc pas familière. Pourtant, il s'agit du leader international incontesté de la grande distribution. Avec un chiffre d'affaires annuel de près de 470 milliards de dollars, et un bénéfice de 17 milliards, c'est même tout simplement la 2ème entreprise mondiale toutes catégories confondues (par chiffre d'affaires). Les raisons de ce succès? Des prix bas, très bas, toujours plus bas. C'est incontestablement là-bas que vous devez allez pour profiter des meilleures affaires. Mais Walmart divise l'Amérique. L'entreprise obtient de tels prix en sacrifiant les salaires de ses employés, en leur ôtant tous leurs droits sociaux, et en imposant un travail toujours plus dur, toujours plus long, toujours plus contraignant. Certains libéraux défendent l'entreprise, mettant en avant les emplois créés (le groupe totalisant 2,1 millions de salariés!) et le sacrifice d'une minorité en faveur de toute la communauté (en faisant croître le pouvoir d'achat de tous). Les opposants y voient un scandale mondial, un esclavage à l'échelle internationale, une profanation des droits de l'homme les plus élémentaires. La question est toujours brûlante ici, et la polémique n'est pas prête de se calmer. Même la justice américaine n'arrive pas à statuer sur le cas Walmart, devenu le symbole des conséquences socio-économiques du modèle néolibéral.
Si le cas Walmart vous intéresse, je vous conseille un très bon reportage américain tourné en 2004 par Rick Young et Hedrick Smith, "Wall-Mart, le géant de la distribution". Le film montre notamment les lourdes conséquences du modèle économique suivit par le groupe, non seulement sur ses employés mais également sur ses fournisseurs. Il ne traite cependant pas de toutes les affaires de discrimination, d'anti-syndicalisme, de corruption et même de propagande qui sont imputées à la marque, mais qui n'ont jamais remis en question son management...